Un château hors du commun au cœur du Condroz
Perché sur un éperon rocheux dominant la Lesse, le château de Walzin est l’un des sites les plus spectaculaires de Wallonie. Situé à une dizaine de kilomètres de Dinant, ce joyau médiéval fascine autant par sa silhouette romantique que par sa situation vertigineuse. Moins connu que Bouillon ou La Roche, il n’en reste pas moins une destination de choix pour les amateurs de vieilles pierres et de paysages pittoresques. Accessible en promenade ou observable depuis la rivière, Walzin mérite largement le détour.
Un peu d’histoire pour mieux comprendre
Le château de Walzin trouve ses origines au XIe siècle. Construit pour surveiller un gué sur la Lesse, il a connu plusieurs vies, destructions et reconstructions. Détruit une première fois au XVe siècle par les troupes de Louis XI, puis à nouveau au XVIIe siècle par les Français, il réapparaît à chaque fois… un peu transformé. Sa forme actuelle, celle que l’on admire aujourd’hui, date du XIXe siècle, lorsque le baron Alfred Brugmann, un industriel bruxellois, décida de le reconstruire dans un style néo-gothique très inspiré. Et il faut le dire : le charme opère.
Ce mélange d’histoire réelle et de reconstruction romantique donne à Walzin une atmosphère unique, entre véracité historique et fantasme médiéval. Il faut préciser que, malgré son apparence, il s’agit d’une propriété privée et qu’il ne se visite pas. Mais pas de panique : les points de vue sur le château sont légion, et certains valent véritablement le détour.
Une architecture de caractère
L’aspect du château frappe immédiatement : murs en pierre calcaire de la région, tourelles, pont-levis (du moins d’apparence), chemin de ronde… Niché en haut d’une falaise de près de 50 mètres, il semble littéralement surgir de la roche. C’est ce contraste entre la verticalité de l’à-pic rocheux et les lignes puissantes du château qui donne cette impression de force et d’inaccessibilité — parfaite illustration de la fonction défensive qu’il avait à ses débuts.
Le style néo-gothique, très en vogue au XIXe siècle, a ici été utilisé avec un certain goût : on y retrouve toute une série d’éléments architecturaux typiques — fenêtres à meneaux, arcs brisés, créneaux — sans pour autant tomber dans le pastiche excessif. Une réussite, donc, qu’on prend plaisir à observer, même de loin.
Comment y accéder ?
Comme évoqué plus haut, le château n’est pas ouvert au public. Impossible donc d’explorer ses couloirs ou ses jardins. Mais cela ne signifie pas qu’on ne peut pas en profiter. Plusieurs points de vue permettent d’admirer le site dans de très bonnes conditions.
- Depuis le village de Walzin : En partant du petit hameau, une balade d’une vingtaine de minutes à travers bois mène à un point de vue spectaculaire situé de l’autre côté de la vallée.
- En canoë sur la Lesse : Pour ceux qui aiment s’aventurer sur l’eau, la descente de la Lesse en kayak est un must. Le passage devant le château reste l’un des moments forts du parcours. À noter : mieux vaut partir tôt le matin pour éviter la foule.
- Depuis le belvédère de Furfooz : Situé à quelques kilomètres au sud du château, ce parc naturel offre une boucle de randonnée qui surplombe la Lesse et révèle des vues imprenables sur Walzin.
Et pour ceux qui aiment les belles photos, un téléobjectif ou un bon zoom seront vos meilleurs alliés : les perspectives sont nombreuses, mais souvent à bonne distance.
Une halte nature à ne pas manquer
Le château n’est pas le seul attrait du coin. La région autour de Walzin est une invitation à la promenade. Le parc naturel de Furfooz, situé tout près, est un véritable bijou pour les amateurs de nature et d’histoire. Cette réserve regroupe grottes, ruines romaines, zones boisées et prairies calcaires. On y croise parfois des chamois, et le silence y est presque solennel.
Côté rivière, la Lesse serpente tranquillement entre les rochers. En été, elle devient un lieu de fraîcheur apprécié des randonneurs et des familles. Il convient tout de même de respecter les lieux, qui restent fragiles, tant du point de vue écologique qu’esthétique. Un pique-nique sur les berges avec une vue sur Walzin ? On signe tout de suite.
Petite anecdote : Tintin y est passé
Les amateurs d’Hergé l’auront peut-être remarqué : le château de Walzin a inspiré le château de la Roche dans l’album « Le Sceptre d’Ottokar ». On y retrouve les formes du donjon, les falaises abruptes, et même le pont-levis. Ce n’est pas une coïncidence : Hergé s’est nourri d’éléments architecturaux bien réels pour composer les décors de ses aventures. Ce clin d’œil graphique contribue à inscrire le château dans l’imaginaire collectif belge — une touche de pop culture au détour d’un sentier.
Infos pratiques
- Accès : Le château est situé près du village de Dréhance (commune de Dinant), à environ 1h15 de route depuis Liège.
- Visites : Le château n’est pas ouvert au public, mais les sentiers qui l’entourent sont accessibles librement toute l’année.
- Équipement : Prévoyez de bonnes chaussures de marche, surtout si vous empruntez les chemins boisés ou les versants plus raides.
- Parking : Stationnement possible dans le village de Dréhance ou près du départ de la descente en kayak (Anseremme).
Pour ceux qui souhaitent prolonger l’escapade dans la région, la grotte La Merveilleuse de Dinant et la citadelle sont des compléments logiques à la visite de Walzin. Le tout compose une journée riche en découvertes.
Pourquoi y aller ?
On pourrait se poser la question : pourquoi aller voir un château que l’on ne peut même pas visiter ? Eh bien justement, parce qu’il offre ce que peu d’autres proposent : un décor médiéval impressionnant dans un écrin de nature brute. L’expérience visuelle est au cœur de l’intérêt ici. Walzin, ce n’est pas une visite guidée, c’est une contemplation en pleine nature.
Pour les photographes, c’est un terrain de jeu idéal. À chaque heure du jour, la lumière transforme le château et sa falaise, jouant avec les ombres, les reflets sur la rivière, les brumes matinales. Pour les promeneurs, c’est une destination parfaite pour une rando courte mais mémorable. Pour les passionnés d’histoire, c’est une étape qui raconte quelque chose du passé militaire et féodal de la région.
Et puis, avouons-le : il y a une certaine satisfaction à découvrir un lieu encore relativement épargné par la saturation touristique. Walzin se mérite, il se découvre à pied, au fil d’un sentier ou d’un virage sur la Lesse. Un petit mystère préservé, et c’est exactement ce qu’on aime.
Bon à savoir avant de s’y rendre
- Saisonnalité : L’automne est sans doute la saison la plus photogénique pour Walzin, avec les feuillages colorés en toile de fond. Mais le printemps offre aussi de beaux contrastes entre le vert tendre des arbres et la roche blanche.
- Respect du site : Même s’il est tentant de s’approcher, il est important de respecter les clôtures et l’espace privé des habitants. Rester sur les sentiers balisés évite aussi les mauvaises surprises (fossés, éboulements, etc.).
- Alternatives en cas d’affluence : Si les abords directs sont trop fréquentés (week-ends d’été, par exemple), optez pour le Parc de Furfooz ou les alentours d’Houyet pour une promenade plus paisible.
Un itinéraire qui vaut le détour depuis Liège
Depuis Liège, prévoyez environ 1h15 de route via l’autoroute E42 puis la nationale N4 en direction de Dinant. C’est également une belle occasion de découvrir les campagnes du Condroz : on traverse villages en pierres grises, vallées encaissées et paysages agricoles typiques. Une fois sur place, la proximité de Dinant permet aussi une pause gourmande ou une visite de la ville — fameuse pour sa citadelle et… son saxophone géant (si, si).
En résumé, que vous soyez amateur de patrimoine, promeneur du dimanche ou simple curieux de découvrir l’un des plus beaux panoramas de Wallonie, le château de Walzin s’impose comme une étape incontournable. Même sans visite guidée ni café sur place, il offre ce qu’aucune brochure ne peut vraiment transmettre : le plaisir simple de la petite merveille qu’on contemple en silence.