Urbex en Belgique : exploration des lieux abandonnés autour de Liège

Urbex en Belgique : exploration des lieux abandonnés autour de Liège

Qu’est-ce que l’Urbex et pourquoi s’y intéresser à Liège ?

L’exploration urbaine, plus connue sous le terme « urbex » (urban exploration), consiste à visiter des lieux abandonnés ou inaccessibles au public. Usines désaffectées, hôpitaux vides, châteaux en ruine, bunkers oubliés : autant de sites porteurs d’histoires figées dans le temps. Loin d’être une simple mode Instagram, l’urbex attire de plus en plus de curieux à la recherche d’authenticité, de frissons et souvent… de belles photos.

À Liège et dans ses alentours, le patrimoine industriel et architectural est riche, parfois laissé-pour-compte. La sidérurgie, les charbonnages, les lignes ferroviaires oubliées ont façonné la région. Certains vestiges de cette époque subsistent à l’écart des regards. Ils sont devenus, au fil du temps, des spots privilégiés pour les amateurs d’urbex. Et il faut le dire : rares sont les endroits où l’histoire s’entremêle autant avec l’abandon qu’à Liège.

Un terrain propice : la région liégeoise entre mémoire et friche

Le passé industriel de la région liégeoise a laissé derrière lui de nombreux bâtiments aujourd’hui inoccupés. Si le Val Saint-Lambert a retrouvé une seconde vie avec ses commerces et son musée, bien d’autres sites sont restés dans l’ombre. Et c’est justement ce que recherchent les passionnés d’urbex : ces lieux marqués par le temps, où chaque mur tagué, chaque vitre cassée, raconte quelque chose.

Autour de Seraing, Herstal, Angleur, ou encore Flémalle, on trouve plusieurs structures désaffectées, témoins silencieux d’une ère révolue. Attention cependant : tous les bâtiments abandonnés ne sont pas accessibles, ni sécurisés. Et l’urbex, bien que fascinant, n’est pas sans règles ni risques.

Quelques spots connus à proximité de Liège

Pour les curieux, voici une sélection non exhaustive de lieux abandonnés qui ont marqué la communauté urbaine d’explorateurs. Certains sont célèbres, d’autres plus confidentiels. Les noms des lieux ne sont volontairement pas tous précis pour protéger leur intégrité – un principe de base dans le milieu de l’urbex.

  • Le Château Miranda (ex-Château de Noisy) : bien qu’il ait été démoli en 2017, impossible de ne pas le mentionner. Cette bâtisse néo-gothique située à Celles, non loin de Liège, a été l’un des spots urbex les plus photographiés de Belgique. Abandonné pendant plus de 20 ans, il représentait le parfait mélange entre beauté architecturale et décrépitude.
  • La coquerie de Seraing : vestige industriel de premier plan, cette ancienne usine attire encore aujourd’hui les explorateurs intrépides. Attention : le site est surveillé et l’accès interdit. Le simple passage à proximité suffit, cependant, à ressentir l’âme du passé sidérurgique liégeois.
  • Une ancienne gare oubliée du côté d’Ougrée : cette petite gare, désaffectée depuis plusieurs décennies, garde un charme surréaliste. Les rails rouillés, les murs tagués et les végétations qui reprennent leurs droits confèrent au lieu une atmosphère post-apocalyptique digne d’un film.
  • Une école abandonnée sur les hauteurs de Liège : très fréquentée par les amateurs de photographie, cette école, fermée il y a une vingtaine d’années, est l’un des spots les plus connus… et malheureusement l’un des plus vandalisés. C’est aussi là qu’on mesure les effets négatifs de la médiatisation excessive de certains sites.

Les bonnes pratiques de l’urbex

L’urbex n’est pas un loisir qu’on pratique à la légère. Il repose sur un principe fondamental : « Take nothing but pictures, leave nothing but footprints. » La discrétion, le respect des lieux et la sécurité personnelle sont les piliers de cette activité.

Voici quelques règles essentielles à garder en tête :

  • Ne rien dégrader. Même une “simple porte poussée” peut causer des dégâts.
  • Ne rien emporter. Que ce soit un vieux livre, une plaque rouillée ou une carte postale oubliée : le patrimoine abandonné n’est pas un libre-service.
  • Rester discret. Évitez les publications géolocalisées ou trop explicites sur les réseaux sociaux. Cela protège les lieux des dégradations futures.
  • Se protéger. Port de chaussures solides, gants, et parfois même de masques si l’air est douteux. Les bâtiments à l’abandon sont souvent instables.
  • Ne pas partir seul. Un accident est vite arrivé, et dans un lieu isolé, chaque minute compte si vous êtes bloqué.

L’urbex, reflet d’une mémoire en péril

Derrière chaque lieu abandonné, il y a une histoire. Une usine qui faisait vivre tout un quartier, une école remplie de cris d’enfants, un hôpital symbole de progrès social… Ces endroits sont autant de fragments de mémoire collective. Les explorer, c’est aussi se confronter à l’état d’oubli dans lequel se retrouvent certains pans de notre histoire locale.

Liège, ville de contrastes, offre à voir aussi bien des projets de rénovation ambitieux que des friches laissées à l’usure du temps. L’urbex met en lumière ces zones grises, souvent cachées sous la végétation ou derrière un panneau “Entrée interdite”.

Certains passionnés de patrimoine voient même dans cette pratique une manière de sensibiliser à la nécessité de restaurer, de conserver ou, au minimum, de documenter ces lieux avant qu’ils ne disparaissent à jamais sous un bulldozer.

Quand l’urbex croise la photo et l’art

Sur Instagram, Flickr ou dans des expositions locales, les clichés d’urbex se multiplient. Escaliers en colimaçon couverts de mousse, fenêtres éclatées ouvrant sur des paysages bucoliques, couloirs d’hôpitaux plongés dans la pénombre… L’urbex est devenu un terrain d’expression visuelle à part entière.

À Liège, certains photographes amateurs ont gagné en notoriété en immortalisant ces lieux oubliés. Le collectif Urban Ghosts, par exemple, propose régulièrement des clichés issus de notre région, toujours avec une approche respectueuse et quasi poétique. On n’est pas dans la chasse au sensationnel, mais bien dans le témoignage artistique.

Qui aurait pensé qu’un vieil atelier de soudure, perdu dans une vallée industrielle, pouvait susciter autant d’émotion visuelle ?

Liège et ses environs, une balade urbaine sans balises

Explorer des lieux oubliés, c’est aussi porter un autre regard sur la ville. Évidemment, l’urbex tel qu’on en parle ici ne s’improvise pas. Mais pour ceux qui veulent explorer sans entrer dans l’illégalité, la région liégeoise regorge de lieux accessibles au public qui éveillent le même sentiment de mystère.

  • Le site du charbonnage du Hasard à Cheratte : bien qu’en partie réhabilité, il reste un lieu emblématique et visible de l’extérieur.
  • La ligne 38 (ancienne ligne ferroviaire entre Liège et Plombières) : aujourd’hui piste cyclable, elle traverse des paysages façonnés par la révolution industrielle.
  • La tranchée de Cointe : vestige incroyable d’une ligne ferroviaire souterraine, elle s’explore dans le cadre de balades guidées du patrimoine ferroviaire.

Ces alternatives « urbex-light » permettent de s’imprégner d’un monde sur le fil entre passé et présent sans mettre un pied dans l’illégal.

Et maintenant ? À chacun son exploration

L’urbex n’a rien d’un safari urbain pour touristes du dimanche. C’est une véritable démarche, qui demande de la rigueur, de la discrétion et un profond respect. À Liège, les opportunités ne manquent pas, même s’il faut parfois les chercher loin des sentiers battus… et hors de Google Maps.

Si vous êtes tenté par l’aventure, documentez-vous, allez-y accompagné, et n’oubliez jamais que ces lieux ont un vécu. Ils méritent autant d’égards que les bâtiments classés encore debout dans nos centres-villes.

En somme, l’urbex n’est pas seulement une passion à sensations : c’est une autre façon de regarder notre patrimoine liégeois, dans ce qu’il a de plus brut, de plus vulnérable, et parfois de plus poétique.