Un village entre pierres, rivière et mémoire
Situé à cheval entre les communes de Chaudfontaine et de Liège, Vaux-sous-Chèvremont est de ces endroits que l’on traverse trop rapidement, sans toujours prêter attention à ce qu’ils recèlent. Pourtant, ce village paisible bordé par la Vesdre mérite qu’on s’y attarde. À quelques minutes seulement du tumulte urbain, on découvre ici un coin où le patrimoine raconte, la nature apaise et les habitants, souvent discrets, sont les gardiens d’un certain art de vivre.
Ceux qui s’y arrêtent en profitent pour flâner le long de la rivière, admirer les vieilles bâtisses de pierre ou monter jusqu’au fort qui surplombe le tout. Vaux-sous-Chèvremont, ce n’est pas un musée à ciel ouvert ni un village figé dans le passé, mais bien un territoire vivant, au carrefour de l’histoire industrielle liégeoise, de la mémoire militaire et du tourisme local. Petit tour du propriétaire.
Un nom qui intrigue
Avant même d’y mettre les pieds, le nom « Vaux-sous-Chèvremont » interpelle. Il évoque une vallée (le « Vaux »), blottie sous un mont peuplé de chèvres ? Pas tout à fait. Dans les faits, « Chèvremont » renvoie à un éperon rocheux dominant la Vesdre, sur lequel a été installé un fort, et dont l’origine du nom serait à chercher dans « Capra Mons », la colline des chèvres, en latin. Une appellation qui trahit autant la morphologie du site que sa toponymie chargée d’histoire.
Entre Vesdre et voies ferrées: un village façonné par l’industrie
Impossible d’évoquer Vaux-sous-Chèvremont sans parler de la Vesdre. Cette rivière, longtemps canalisée et exploitée pour les besoins de l’industrie textile et métallurgique, a modelé le paysage et la vie du village. Jusqu’au XXe siècle, elle était le cœur battant d’une intense activité économique. Aujourd’hui, plus calme, elle reste présente dans la mémoire collective et constitue un axe de promenade apprécié.
Le chemin de fer Liège-Verviers, qui longe la rivière, rappelle également cette époque où la région vibrait au rythme de la révolution industrielle. Vaux-sous-Chèvremont possède encore sa gare – aujourd’hui peu fréquentée – qui est un vestige de cette mobilité ouvrière et industrielle. Entre les rails, les rivières et les anciennes usines reconverties, c’est tout un pan de l’histoire régionale qui reste lisible.
Un patrimoine discret mais authentique
Vaux-sous-Chèvremont, ce n’est pas l’écrin flamboyant de bâtiments classés à chaque coin de rue. Ici, le patrimoine se laisse découvrir au fil des ruelles, souvent à l’abri des regards pressés. Quelques incontournables méritent tout de même le détour :
- Le pont Hauser : Ouvrage en pierre enjambant la Vesdre, il relie les deux rives du village. Sobre, robuste, il a l’allure de ces infrastructures centenaires qui ont vu passer des générations.
- L’église Saint-Lambert : Située sur la rive droite, elle date du XVIIe siècle. On y admire son clocher trapu, sa toiture en ardoise et une atmosphère de recueillement marquée par le temps.
- Le fort de Chèvremont : Perché sur les hauteurs, il fait partie des douze forts bâtis autour de Liège à la fin du XIXe siècle. Moins connu que celui de Loncin ou de Barchon, il a pourtant joué un rôle en 1914. Bien qu’à l’abandon, il suscite encore la curiosité de promeneurs et d’historiens amateurs.
Ajoutez à cela quelques maisons ouvrières en brique, des bâtisses rurales de schiste et une ou deux petites cours intérieures dignes de cartes postales : le charme opère, sans tapage ni prétention.
Une promenade en boucle entre histoire et verdure
Pour ceux qui aiment mêler balade et découverte, Vaux-sous-Chèvremont propose un itinéraire qui vaut le détour. Départ au pont Hauser, direction l’église Saint-Lambert, et montée vers le fort via le « Thier d’Hony ». Attention, ça grimpe ! Mais une fois là-haut, la vue sur la vallée de la Vesdre récompense largement l’effort.
On redescend ensuite vers Chênée par les sentiers boisés, avec de nombreux points de vue sur les plaines environnantes. En été, la flore locale explose de nuances. En automne, ce sont les couleurs ocre-or qui dominent. Comptez environ 2h30 à 3h pour la boucle complète, avec de bonnes chaussures de marche de préférence.
Petite anecdote : certains habitants racontent qu’une source, aujourd’hui presque invisible, coulait aux abords du fort et aurait été utilisée par les soldats pour se ravitailler en eau… On trouve encore des traces profondément gravées dans la roche, témoignant des conditions de vie là-haut.
Une vie locale entre discrétion et attachement
La vie quotidienne à Vaux-sous-Chèvremont, c’est celle d’un ancien bourg qui a vu passer les années avec résilience. Il y a bien sûr une épicerie, quelques cafés, une friterie, des petits commerces souvent familiaux. Pas de centre commercial ou de grande place animée, mais une ambiance de village où tout le monde (ou presque) se connaît.
L’engagement citoyen se traduit aussi par des initiatives ponctuelles comme l’entretien des abords de la Vesdre, des petits évènements de quartier ou encore un marché de Noël artisanal organisé chaque année. Pas de quoi faire la une des journaux, mais ces gestes du quotidien façonnent une atmosphère d’authenticité.
Des accès facilités et une situation stratégique
En termes de mobilité, Vaux-sous-Chèvremont bénéficie d’atouts indéniables. Il est desservi par les lignes ferroviaires et plusieurs lignes de bus. Depuis Liège-Guillemins, on y accède facilement en train ou en voiture via l’E25.
Il constitue aussi une porte d’entrée vers les Hautes Fagnes et la région de Spa, tout en restant à proximité immédiate des centres urbains de Liège, Chênée et Beaufays. Pour les cyclistes, la ligne 38 (l’ancien RAVeL reconverti en voie verte) n’est pas très loin, accessible via quelques détours bucoliques.
Un village à redécouvrir
Vaux-sous-Chèvremont ne cherche pas à briller, mais il mérite clairement une visite. Que l’on soit passionné de patrimoine, amateur de balades en bord de rivière ou simplement curieux de découvrir un pan moins connu de la région liégeoise, le détour en vaut la peine.
Ce coin de vallée, à la fois ombragé et lumineux, incarne bien une certaine facette de notre terroir : discret, solide et attachant. Un lieu qui ne cède pas à la mode, mais qui conserve son identité. Et c’est peut-être là sa plus grande force.
La prochaine fois que vous emprunterez la chaussée de Louvain ou que vous longerez la Vesdre en direction des Ardennes, jetez un œil à droite ou à gauche. Vous y verrez peut-être ces vieilles pierres, cette église tranquille, ou ces sentiers qui montent vers l’histoire. Vaux-sous-Chèvremont vous attend, tout simplement.